Femmes et travail :Inventer de nouveaux équilibres de vie

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Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants
18 rue de Varenne – 75007 PARIS

Femmes et travail: Inventer de nouveaux équilibres de vie

Le Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants (MCC) est né en 1965, à l’époque où les femmes accédaient aux métiers de cadres, grâce au développement des études supérieures. Elles sont arrivées dans les équipes MCC, qui étaient initialement masculines, d’abord comme épouses puis, de plus en plus, comme cadres elles- mêmes.

Le MCC a accompagné ce mouvement d’accès des femmes aux responsabilités professionnelles avec ses avancées et ses difficultés, sa recherche de nouveaux équilibres de vie pour la femme, le couple, la famille.

Le couple et le travail.

Témoignage de Claire Jacquet, membre du mcc

L'équilibre entre vie professionnelle et personnelle ne se limite pas au couple : il le dépasse largement, car dans le cadre familial la place des enfants est prépondérante en termes d'attention. […] Nous passons beaucoup de temps à rechercher un équilibre, car la constitution de notre couple et la venue rapprochée et désirée de nos quatre enfants ont été en peu de temps source de nombreuses questions, parfois perturbantes.

Couple : vivre ensemble ou côte à côte

Aujourd'hui, la femme peut, comme l'homme, mener une vie en dehors du foyer. […] Avec la venue des enfants, tout peut changer ou être maintenu en l'état. Ou bien le centrage sur soi reste premier, et cela devient vite difficile, ou bien le projet de couple et de famille prend sa vraie mesure.

Que cherchons-nous dans la vie professionnelle ?

Avant toute chose il faut remettre à plat le sens de notre investissement professionnel.

- Au regard de l'individu : pour assurer son indépendance, ses revenus et son avenir ; pour s'épanouir en mettant à profit ses études ; pour acquérir une identité, un statut social, etc.

Toutes ces motivations ne disparaissent pas avec l'entrée dans la vie à deux. Elles sont au contraire exacerbées si la toile de fond du couple est celle d'une séparation jugée toujours possible.

- Au regard du couple : pour assurer des rentrées de revenus - ceci d'autant plus que le chômage de l'un des deux est toujours possible ; pour assurer le lien de chacun avec le monde du travail et donc un certain équilibre dans le couple, car… travailler c'est être reconnu, etc.

[…] Quand je ne travaille pas (au sens salarié du terme) parce que la vie de famille l'impose, il va de soi que le seul salaire qui entre est autant le mien que celui de Vincent. Nous sommes liés par un projet qui dépasse le «qui fait quoi» à un instant donné. A titre personnel, je considère acquise l'égalité homme/femme au niveau des droits, et cela me donne la liberté de poser des choix qui ne font pas référence à des modèles traditionnels. ..Mais dès que cela est possible, il faut dépasser la question de l'égalité encore imparfaite pour s'aventurer dans de nouvelles voies. L'important peut-être est de ne pas enfermer l'autre dans un rôle. Quelle négociation mener ?

A chaque changement donc, la question est de savoir si, dans la négociation avec mon conjoint, nous campons sur nos intérêts individuels, ou si nous intégrons des éléments propres à notre couple, nos enfants, à la vie de famille et à notre projet de vie à long terme. […]

L'entreprise vis-à-vis du couple

L'entreprise ne connaît pas le couple, mais un individu qui travaille avec un contrat. Il appartient à chacun de savoir ce qu'il met concrètement dans le contrat au-delà de la définition de poste. Pourquoi rentre-t-on tard de son travail : surcharge réelle de travail ou faible empressement à rentrer chez soi ?

La vie familiale n'est pas gratifiante à chaque instant : pour les femmes qui connaissent la vie professionnelle trépidante où l'on a l'impression d'être très intelligent, et qui connaissent aussi le change des couches culottes, les hurlements d'enfants et les bains à 18h, il n'y a pas photo. Je comprends pourquoi certains hommes ne se risquent pas dans cette aventure ; je sais aussi que pour certaines femmes, il vaut mieux confier tout cela à une nourrice ou à la femme de ménage - quand on est cadre les possibilités sont accrues - pour se mettre les pieds sous la table soi aussi en rentrant du travail.

[…] La vie de famille est un rôle de patience, d'exigence qui ne donne pas de résultat tout de suite et qui est incertaine. L'exigence de cette vie de famille est à partager au niveau du couple dans la durée. Alors qu'au contraire le temps de l’entreprise se réduit trop souvent au court terme.

La sacralisation du travail professionnel est d'ailleurs une arme dangereuse: quand on n’existe aux yeux de l'autre que pour sa performance professionnelle, il n'y a plus de place pour l'échec. Voilà pourquoi, peut-être, on a vu des chômeurs ne rien dire à leur femme de leurs difficultés professionnelles, et faire semblant d'aller à leur travail. […]

Au-delà donc de cette question de vie professionnelle se pose la question des rôles : nous avons tous en mémoire, surtout les femmes, les rôles bien établis de la génération de nos parents. On reproduit, dans la plupart des cas, ou on rejette. Ne pourrait-on conjuguer, et inventer une nouvelle voie ?

1997 – Responsables n° 285

Travail de femme, femme au travail

Réflexion de France Quéré, théologienne

L’explosion du travail féminin a bien constitué un renversement des tabous, une véritable révolution. La femme va prétendre à tous les métiers… L’infirmière deviendra médecin, l’institutrice professeur, y compris dans l’enseignement supérieur….elle va postuler à des emplois qui n’ont rien à voir avec le génie féminin proprement dit : magistrats, ingénieurs, cadres commerciaux, pilotes… Aujourd'hui, cette conquête est en voie achèvement. Certes, la femme reste moins payée, plus chômeuse, plus ouvrière spécialisée que son compagnon. En cent ans, on n'avait jamais vu un fragment de population - et lequel : 50% ! - réussir un renversement social de cette nature. […] Beaucoup de femmes sont angoissées - en particulier lorsqu'elles travaillent par choix et non par nécessité ; elles ressentent l'éternelle culpabilité de celle qui, étant ici ne peut pas être là, et réciproquement ; mais la plupart éprouvent beaucoup de joie à travailler, et sont heureuses de vivre. Quant aux hommes, il semble qu'ils fournissent à leur femme une aide ménagère plutôt que d'assumer un véritable partage. On n'en est pas là. Mais l'introduction des pères à la vie familiale – jadis chasse gardée des femmes - est ressentie par eux comme un accroissement de bonheur, notamment à travers les soins donnés aux tout-petits. […]

Eve au fond, a une chance folle. Elle a été créée en second. Dès qu'elle a ouvert les yeux, elle a vu un homme en face d'elle, donc une raison de vivre. […] Et peut-être peut-on interpréter ce récit de la Genèse dans le sens d'une réponse partielle à l'énigme des sexes. Lui est hanté par le drame de la solitude. Et elle, d'une certaine façon, a la réponse ; puisqu'elle ne connait pas cette solitude, ayant toujours en face d'elle son vis-à-vis.

1995 - Responsables n° 269

Du côté des hommes

Depuis 7 ans déjà, je travaille le mercredi matin à la maison et suis présent l’après-midi auprès de nos trois enfants préadolescents. Le passage à ce temps partiel n’est pas allé de soi. Il a fallu dépasser un double mur psychologique : le mien, puis celui de mon entourage professionnel (je suis analyste informatique).

Il me paraissait difficilement envisageable d’annoncer à mon manager la perspective de travailler moins pour m’occuper plus de ma famille. Ce choix risquait d’être assimilé à une forme de démotivation professionnelle. Pour autant, plusieurs raisons m’ont amené à revoir l’organisation de mon temps : les responsabilités professionnelles croissantes de mon épouse devenue responsable du contrôle interne chez Generali, l’évolution de l’écart de salaires entre nous, l’allongement de mes temps de trajet. Se posait la question de la « rentabilité » économique du temps partiel de l’un par rapport à l’autre, et s’imposait à moi le besoin de retrouver un nouveau souffle professionnel.

Aujourd’hui, je ne regrette en rien ce choix.

Le télétravail me permet davantage de concentration au milieu d’une semaine en bureau paysager, et une réelle économie du temps de transport. Le temps partiel me permet de prendre en charge les rendez-vous médicaux des enfants, les allers retours de leurs activités extrascolaires. Il me donne la joie de les retrouver lors du déjeuner, moment plus paisible que les diners de la semaine. Il me rend plus conscient de ce qui est à prévoir et prendre en charge pour la famille. Je suis aussi plus ouvert à donner un peu de temps aux autres : à la section jeunes du club triathlon, dont j’assure la surveillance de l’entrainement natation, ou au Secours Catholique pour lequel j’organise les repas.

François Rousselet, membre du MCC, 2014

Temps de femme, un autre rapport à la vie

Réflexion d’Anne-Marie de Besombes

Comment en parler ? Sans crisper personne. Sans énerver. Sans blesser. Ni se blesser, se crisper soi-même. Hors du « politiquement correct ». Les mots sont délicats à choisir. La réalité à évoquer plus encore. Et pourtant, comment ne pas parler de ce qui est « temps » pour les femmes. Inscrit dans leur corps dès l’adolescence, puis dans la plénitude de la vie et de la fécondité, il y a aussi une façon féminine de voir le temps passer. De vivre le temps. De l’anticiper, le recevoir, le donner. […]

Au centre, il y a le temps d’enfanter ou de ne pas enfanter qui s’impose à un moment ou un autre. Espoir, il peut être souci pour beaucoup. La question se présente dans toute vie de femme. Qu’elle enfante ou non. Le cours de sa vie semble ainsi fait que le temps n’est pas entre ses mains. Se presser, refuser, attendre, désespérer, espérer…Ne pas laisser s’échapper le présent.

L’irruption possible de la vie : un bouleversement

Cette irruption possible de la vie à l’intérieur de sa propre vie bouleverse son rapport au temps. Imposant désormais un rythme, des étapes, des promesses. Echappant à l’organisation parfaite, introduisant la multitude des possibles au cœur d’un parcours parfois maîtrisé. Professionnel ou personnel. Quelque chose de plus instinctif se met à l’œuvre. Les pendules ne tournent plus au même rythme ni toutes ensembles. […] « Quand elles reviennent de maternité, je trouve certaines incroyablement plus aptes, malgré les mois d’absence », confie une DRH amie.

Les femmes, globalement mieux diplômées que les hommes, (disent aujourd’hui les statistiques,) mettent, pour beaucoup, le temps de la fécondité après celui de l’entrée dans la vie professionnelle et d’un parcours de construction tout azimut relativement long selon chacune. […]

[…] La vie n’a-t-elle pas une saveur particulière dans tout ce qui n’est pas compté, pour les hommes comme pour les femmes ? Même si compter est nécessaire. Là est la douceur. « Mes meilleurs souvenirs » entend-on dire. Oubliant le stress, la fatigue, les choix opérés et parfois les drames. Temps parfois d’angoisse professionnelle, même si la maternité est protégée par le code du travail. Qui n’a pas ressenti en partant « pour la bonne cause » qu’à son retour les choses pourraient avoir changé. Pour elle. Et pas forcément en positif.

Occasion d’un lâcher-prise obligé. Oser faire confiance, se faire confiance. Le projet d’enfant l’emportant sur tout autre chose. Signe de liberté. En vue de plus grand que soi aussi. Toute la vie est dans ce travail de création […]

2011 - Responsables n° 412

Du côté des solos (Célibataires)

Témoignage de Catherine, Membre du MCC

Naturellement, la sphère professionnelle occupe une large part de mon quotidien. Toutefois, j’ai l’impression de vivre les mêmes difficultés en tant que femme, les mêmes contradictions, les mêmes questions sur la nécessité de s’épanouir dans son travail, que d’autres amies mariées ou en couple. Simplement, le choix de m’investir davantage lorsqu’une mission me passionne semble plus facile, puisqu’il est purement individuel.

[…] Mon agenda reste partagé entre un engagement professionnel maîtrisé, un engagement caritatif qui me tient à cœur et une disponibilité à un réseau d’amis fidèles. J’avoue fuir la solitude, que je ne saurais pas rendre féconde. J’ai d’ailleurs fait le choix de vivre en colocation et apprécie recevoir régulièrement, organiser des évènements, des voyages, etc.

Cette vie assez dense m’aide à me décentrer, à ne pas vivre que pour moi et à apprécier les moments solitaires, temps de lecture ou de ressourcement spirituel au travers d’une adoration hebdomadaire ou de courtes retraites.

1997 – Responsables n° 285

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